Objectifs de gestion et programme d’actions

Depuis 1987, le Conservatoire des Sites Alsaciens met en œuvre des actions pour la conservation des richesses naturelles de l’île du Rhin. Les travaux d’entretien et des actions de suivis scientifiques sont soutenus par le Conseil Général du Haut-Rhin, qui a également participé à d’importants travaux de renaturation dans le cadre de projets européens.

Depuis 2002, dans le cadre du partenariat avec EDF, le CSA reçoit un soutien financier complémentaire pour :

  • le montage et la participation à des projets européens (LIFE, INTERREG),
  • la réalisation d’inventaires et de suivis scientifiques,
  • l’ingénierie d’opérations de renaturation et de réhabilitation,
  • le conseil à EDF pour la gestion des digues du Grand Canal d’Alsace et divers projets,
  • des actions de communication (sorties pédagogiques pour le personnel EDF, plaquette d’information, pages web).

Cette aide a également permis de préparer les actes par lesquelles EDF a confié la gestion de près de 800 ha de terrains au CSA.

La dernière convention en date a été signée pour la période 2013-2017.

Le Plan de gestion transfrontalier

De 2009 à 2012, un plan de gestion transfrontalier pour les milieux naturels de l’île du Rhin et de la plaine alluviale sèche en rive allemande (Trockenau), a été élaboré dans le cadre du projet Redynamisation du Vieux-Rhin (Interreg IVA) par le Conservatoire des Sites Alsaciens et l’Institut für Landschaftsökologie und Naturschutz, mandaté par le Regierungspräsidium Freiburg.

A l’échelle du Rhin supérieur, il s’agit du premier plan de gestion portant sur un territoire transfrontalier, élaboré conjointement par des gestionnaires d’espaces naturels allemands et français. Il a porté sur un périmètre total de 4400 ha, 3132 ha côté allemand et 1267 ha côté français (hors réserve naturelle nationale de la Petite Camargue Alsacienne).

Le diagnostic des habitats et des espèces, réalisé sur l’ensemble du site transfrontalier et selon la même méthodologie, a permis une évaluation comparable des milieux naturels des deux côtés du Rhin, d’identifier des relations entre les biotopes (notamment les pelouses sèches) et de définir des unités de gestion pour l’application de mesures d’entretien ou de restauration des habitats naturels. Étant donné le nombre important d’espèces remarquables, le concept d’espèces cibles (Zielartenkonzept), couramment utilisé en Allemagne pour les diagnostics des espaces naturels, a été transposé côté français.

Dans ce projet, les principales difficultés ont été :

  • d’identifier les subtilités dans l’utilisation et la traduction de certaines notions en écologie,
  • d’intégrer dans un document commun les informations habituellement présentes à la fois dans les plans de gestion français et allemands,
  • de mettre en correspondance les référentiels français et allemands pour les habitats naturels (82 habitats identifiés sur l’ensemble du périmètre).

Les objectifs à long terme, les objectifs du plan de gestion et les opérations de gestion ont été définis dans le but de préserver ou d’améliorer l’expression d’habitats naturels, de communautés végétales et animales ou de populations d’espèces cibles.

Pour plus d’informations, voir les documents en téléchargement ci-contre.

L’entretien des milieux naturels

Des travaux d’entretiens de certains habitats sont réalisés chaque année. Ils visent principalement les pelouses sèches et dans une moindre mesure quelques zones humides.

L’entretien des pelouses sèches est nécessaire pour limiter le développement arbustif et l’enrichissement du sol (exportation de la matière).

Trois types d’entretien sont mis en œuvre selon les sites et la végétation :

  • des coupes sélectives de rejets ou semis ligneux en automne,
  • des fauches avec exportation en automne ou en hiver,
  • du pâturage d’entretien écologique en fin d’été.

Ces travaux d’entretien portent généralement sur un maximum de la moitié de chaque pelouse sèche chaque année de manière à préserver une grande partie des pontes des insectes, des chrysalides fixées aux végétaux, des cocons d’araignée …

D’autres opérations d’entretiens des pelouses sèches visent au contrôle de la prolifération d’espèces végétales exotiques envahissantes et surtout des solidages. En fonction des situations, ces opérations sont réalisées par coupe ou arrachage manuel en début d’été.

Quelques opérations d’entretien concernent également les zones humides. Il s’agit de travaux de coupe d’une autre plante exotique envahissante, le Robinier faux-acacia, et du dégagement d’embâcles dans le ruisseau phréatique à Petit-Landau.

Les opérations de renaturation

De nombreuses opérations de renaturation ont été menées sur l’île du Rhin. Comme pour les opérations d’entretien, elles concernent principalement les pelouses sèches et les zones humides.

En plus du Conseil Général du Haut-Rhin, de l’Union européenne et d’Électricité de France, ces opérations ont selon les cas reçu les soutiens de la Région Alsace, de l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse et de la Fondation Nature & Découvertes.

Les premières opérations de renaturation de pelouses sèches ont été menées dans le cadre du programme LIFE Pelouses sèches relictuelles de France de 1998 à 2002. Elles ont permis de réouvrir 1,41 ha de pelouses sèches sur 3 sites : Chalampé, Petit-Landau et Rosenau.

De 2004 à 2006, des nouveaux chantiers de réouverture ont été menées sur d’autres sites et/ou secteurs dans le cadre du programme LIFE Rhin vivant. Grâce à un budget plus important, 23,6 ha de pelouses sèches ont été réouverts à Fessenheim, Chalampé, Petit-Landau et Kembs.

Pour les zones humides, plusieurs opérations ont été réalisées.

En 1998, plusieurs mares artificielles ont été aménagées sur un site en rive gauche du Grand canal d’Alsace à Fessenheim, à l’aval de l’usine hydroélectrique. L’objectif de ces travaux était principalement le maintien d’une population de Crapaud calamite. Aujourd’hui, ces mares sont en partie atterries et nécessiteraient une restauration, cependant, d’autres mares ont depuis été aménagées à la périphérie du site.

Au cours de l’hiver 2007/2008, la renaturation du Geiskpof à Geiswasser a eu pour objectif de rétablir des conditions favorables pour la faune et la flore des habitats palustres et aquatiques de la forêt rhénane, au niveau d’une ancienne zone humide en grande partie atterrie depuis sa déconnection au Vieux-Rhin.

L’opération a porté sur une superficie d’environ 1.5 ha. Elle a consisté au décaissement des zones basses atterries pour créer des zones en eaux libres et des zones hydromorphes. Les zones restaurées et leur périphérie ont été réouvertes par débroussaillage et la coupe de quelques arbres. Les matériaux de déblai ont été régalés sur les zones hautes existantes, en périphérie de la zone d’emprise.

Dès l’année suivante, on peut noter l’apparition de nombreuses plantes hydrophiles dont le Jonc alpin protégé en Alsace, la reproduction de 3 espèces d’amphibiens dont la Rainette verte et l’installation de 2 ou 3 couples de Rousserolle effarvatte.

Dans le même secteur de l’île du Rhin, dans le cadre de mesures compensatoires liées à la création d’une piste en rive droite du Grand canal d’Alsace destinée à la surveillance de la digue, deux mares ont été aménagées ou agrandies en bordure de la piste en décembre 2007 et février 2008. Positionnés à la limite de la forêt et de la digue du Grand canal d’Alsace, ces milieux aquatiques alimentés par la nappe jouissent d’un ensoleillement important et abritent de nombreuses espèces remarquables.

Plus au sud, sur la commune de Petit-Landau, un ancien canal de décharge creusé lors de la construction du Grand canal d’Alsace a la particularité d’être alimenté par les eaux de la nappe phréatique. Il est situé dans un secteur très sec de l’île du Rhin. Malgré le caractère artificiel du biotope et le fait qu’il soit très encaissé, le milieu présente un intérêt écologique majeur du fait de la présence de plusieurs espèces d’amphibiens remarquables, dont le Crapaud accoucheur (Alytes obstetricans). Les rives abruptes du canal ont fait l’objet de coupes d’éclaircie en 2005 et 2006 pour augmenter l’ensoleillement et ainsi améliorer le biotope pour la reproduction des amphibiens. Ces travaux ont été complétés par l’enlèvement d’embâcles en 2008 et en 2010.

Le plan de gestion transfrontalier identifie de nombreuses autres actions de renaturation qui pourront être engagées dans le futur en fonction des moyens mobilisables.

Le projet de réhabilitation des anciens bassins des MDPA

Les anciens bassins de stockage des Mines Domaniales de Potasse d’Alsace (MDPA) occupent une surface d’environ 35 ha sur l’île du Rhin, à cheval sur les communes de Fessenheim et Blodelsheim.

Le site propriété d’Électricité de France (EDF) a été mis à disposition des MDPA en 1959 afin d’y aménager quatre bassins de stockage provisoire des saumures en provenance des mines de potasse et issues du traitement du minerai. Ce stockage répondait à la nécessité de respecter les normes de rejets des saumures dans le Rhin en fonction du débit du fleuve. Mis en service en 1960, les bassins ont été utilisés principalement jusqu’en avril 1976.

En 2004, dans le cadre du bail civil avec EDF, le site a été confié en gestion au CSA et une réflexion a été menée pour le devenir de cet ancien site industriel.

Recréer une zone humide majeure en Alsace, refuge d’habitats naturels et d’espèces menacés

S’appuyant sur les caractéristiques de ce site unique dans le fossé rhénan, notamment la possibilité d’y stocker de l’eau sur une grande surface grâce à l’étanchéité du fond des bassins, il est envisagé de réhabiliter les bassins en zone humide et leur donner une nouvelle fonction écologique. Il s’agit de renaturer de manière artificielle une vaste zone de marais par la remise en eau et l’aménagement de cet ancien site industriel.

Des études d’avant-projet réalisées de 2007 à 2010 ont conclu à la faisabilité du projet sur le plan de la topographie, de la perméabilité des sols, du risque de relargage de sels dans la nappe phréatique, de l’alimentation en eau et du diagnostic écologique. La mise en œuvre du projet peut désormais entrer dans sa phase opérationnelle.

Le site renaturé sera favorable au développement et à l’accueil de la faune et de la flore rhénane inféodée aux zones humides que l’on sait menacées, et offrira un site d’accueil stratégique, positionné directement sur l’axe rhénan, à l’avifaune migratrice empruntant le couloir Rhin – Rhône, l’un des principaux couloirs migratoires en Europe occidentale.

Valoriser un haut potentiel de découverte de la nature pour le public

Les grandes zones humides ouvertes sont souvent propices à l’observation de la nature et notamment des oiseaux d’eau. Le projet prévoit l’installation de plusieurs observatoires à destination du public. La population locale et régionale des deux côtés du Rhin pourra ainsi profiter d’un vaste espace entièrement dévolue à la préservation et à la découverte de la nature.

Participer aux politiques publiques en matière de zones humides

Les anciens bassins des MDPA font partie intégrante du site Natura 2000 rhénan et du site RAMSAR transfrontalier désigné le 28 août 2008. Le projet de réhabilitation des anciens bassins des MDPA répondra aux objectifs Natura 2000 en favorisant l’accueil, la nidification et la migration de nombreuses espèces d’oiseaux d’intérêt européen.

La convention RAMSAR reconnaît clairement le concept de voie de migration pour la conservation des oiseaux des zones humides et le dernier plan stratégique RAMSAR 2009-2015, incite les parties engagées à mener des programmes de restauration et de remise en état des zones humides détruites ou dégradées, en particulier dans les grands bassins hydrographiques ou les régions très importantes pour la conservation de la nature.

Les principes et lignes directrices pour la restauration des zones humides de la résolution de 2002, précise que le terme « restauration » est utilisé dans son sens le plus large, qui inclut à la fois les projets encourageant le retour aux conditions d’origine et les projets visant à améliorer les fonctions des zones humides sans nécessairement encourager un retour aux conditions avant-détérioration.